L’histoire de La Moinerie

La Moinerie est située au Nord de Cesson au-dessus de la rocade Nord, accès par le lieu-dit la Victoire.
Par Denis BAHON.

Il s’agit d’une construction datant de 1853, 1854. C’est l’œuvre de l’Architecte Aristide Tourneux, de Châteaugiron, prix de Rome, parent de Barthélémy Pocquet du Haut Jussé, grand-père du propriétaire actuel, et décédé le 16 Octobre 1926.

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Facade ouest servant d’entrée et Façade Est

Certains l’appellent Manoir, d’autres Maison de Maître selon une classification qui a varié dans le temps.
Le Manoir est la résidence ou la demeure d’un noble, son logis seigneurial.
L’appellation « Maison de Maître » apparait dans la société rurale du XIX°siècle . et concerne la noblesse de robe et la haute bourgeoisie.
Dans les deux cas, il y vit avec sa femme, ses enfants et ses serviteurs. Les terres se trouvent autour ou dans d’autres lieux.

Le manoir actuel est composé d’un bâtiment central flanqué de deux ailes ou pavillons à toit élevé.

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Au dessus de la porte d’entrée, un cartouche de tuffeau du XVI° siècle porte le blason encadré de deux lions. Dans l’écu une flèche et une main.

Le parc de 3 ha 50 a été dessiné par le paysagiste manceau Poilpré après la construction du Manoir moderne. La perspective laissée libre devant les deux façades dessine deux pelouses encadrées d’un côté par la ferme et la maison du gardien et de l’autre par un parc majestueux.
Au portail Nord, qui n’est plus utilisé, les 3 platanes se dressent encore à l’emplacement de la chapelle dédiée à Notre Dame. Une des pierres de son soubassement portait l’inscription suivante :
«Cette chapelle fut bâtie en 1621-au mois de Juillet- Escuier Ch-Christophe de Rollée seigneur – de la Moynerie Conseiller du Roy- et Maître ordinaires de ses comptes- en Bretagne- et Damoiselle Janne Rogier- sa compagne. »
Elle fut détruite en 1854, en même temps que le Manoir du XVI° siècle.
Les chênes se dressent à l’emplacement de l’ancien manoir.
Lors de la visite de l’Association « Cesson, Mémoire et Patrimoine » le 24 Octobre 2009, le sous-bois était parsemé de petits cyclamens blancs qui dans la lumière pâle de cette saison jetaient des points lumineux comme échappés de la palette d’un peintre.

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Devant l’entrée, un vieux puits au pied d’un arbre sur la pelouse du côté de la ferme achève la visite du Parc.
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L’entrée à l’intérieur du Manoir est ornée d’un carrelage parsemé d’hermines. Deux inscriptions latines accueillent le visiteur au-dessus des portes qui mènent au salon : « Parva Domus Magna Quies » petite maison, grand repos.
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Le salon bibliothèque à gauche de l’entrée.
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Sur un chevalet un tableau retrace le souvenir de l’ancien Manoir disparu. Et une peinture de Dubreuil Lebreton habille le manteau de la cheminée.
Ci-dessous, la nouvelle configuration des bâtiments annexes :
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Maison des jardiniers

L’histoire de ce domaine remonte au XV°siècle.

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Cadastre Napoléon

Un aveu du 8 Février 1414, conservé à l’Abbaye Saint Melaine de Rennes, nous renseigne sur l’origine monastique de ce lieu où se trouvait un « hébergement », c’est-à-dire un manoir (B.A. Pocquet du Haut Jussé in « visites et excursions à Rennes »- Joseph Floch, éditeur), situé en la paroisse de Cesson au baillage de Calendrou. Selon ce texte, ce Manoir était la propriété de Guillote Gallais, Veuve de Jean Macé dit le Duc.

Le domaine fut acquis selon 3 actes de propriété en 1578, 1579, et 1581 par Thomas de Rollée, Sieur de Champoury. Il serait, mais sans certitude, celui qui construisit le Manoir démoli en 1853. Son héritage fut dispersé entre ses fils. Christophe de Rollée de la branche Pierre de Rollée devint propriétaire de la Moinerie en 1613. Il y construisit la chapelle, en Juillet 1621.

Une de ses descendantes, Jeanne-Suzanne de Rollée, céda ses terres de la Moinerie, le 19 Mai 1677, au Marquis de Cucé, Gabriel de Boisgelin, qui les conserva jusqu’à 1682 (Ancêtre du célèbre Cardinal Jean de Dieu, Raymond de Boisgelin de Cucé qui fit construire le château de Cucé avant la Révolution).

Les actes de transmission contiennent une description détaillée des pièces du Manoir.
En 1682, René Duclos devient acquéreur de la Moinerie, du Haut Muré, et des landes des Mulocheries. Il prit le titre de Monsieur de la Moinnerie (avec 2 n ). Les consorts Prigent de Querebars seront les héritiers des terres de leur oncle Pierre-René Duclos de la Moinnerie en 1766, qui s’était remarié le 5 Février 1754 avec, Suzanne-Michelle Marest, veuve en premières noces de Marie-Jean-Louis-Prosper Aubry de Vildé, sieur de la Villandré.

C’est vers cette époque que René Duclos, Monsieur de la Moinnerie, eut un différend avec le Général de Cesson, au sujet de l’impôt de capitation qu’il voulait payer pour la maison qu’il prétendait habiter à Champgiron en Liffré, et non pour l’inconfortable Moinnerie. Il fut débouté de sa requête le 5 Août 1763.

Les enfants Vildé en Mai 1775 acquirent la Moinnerie qu’ils habitaient encore à la mort de leur beau-père, en 1766. Le Haut Muré resta aux Prigent de Querebars et ne fut racheté à leurs héritiers qu’en 1896 par les propriétaires de la Moinerie.
En Avril 1779 les 2 enfants Vildé se partagèrent leurs biens. Anne-Renée-Suzanne de Vildé eut une idylle avec le Chevalier de Caud qui dura l’espace de quelques années. Elle mourut sans l’avoir épousé le 6 Juin 1791 à l’âge de 43 ans. Son frère se retira à Rennes. Barthélémy Pocquet du Haut Jussé parle alors de sombre période pour la Moinerie.
On retrouve la famille Vildé lorsque la fille de Monsieur de Vildé, Anne-Marie-Suzanne, née le 13 Septembre 1796, épouse en 1813 Barthélémy Pocquet du Haut Jussé, juge d’instruction au Tribunal civil de Rennes. A la mort de ce dernier en Septembre 1825, son fils Barthélémy, hérita de la Moinerie, de Beauséjour et du Sault du cerf. Il se résigna à détruire le Manoir qui tombait en ruines vers 1853. Et il entreprit la construction du Manoir actuel. Il est toujours la propriété de son petit-fils Barthélémy qui a gentiment accepté avec son épouse de faire visiter son domaine à l’Association Cesson, Mémoire et Patrimoine.

Les photos et cartes postales ont été prêtées obligeamment par des membres de l’Association Cesson, Mémoire et Patrimoine et publiées avec l’accord de leurs auteurs. Qu’ils en soient sincèrement remerciés.