L’histoire des ponts de Cesson-Sévigné

Les vieux ponts : une contribution de Denis BAHON.

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pont030112iAppelés selon les auteurs « Ponts Romains », « Vieux ponts », « Chaussée », ils permettent un panorama remarquable sur la Vilaine et ses différents bras et constituent un lieu de promenade apprécié des Cessonnais et des visiteurs de passage. Il n’est pas rare selon les heures de la journée de voir des jeunes accompagnés de leur professeur ou d’un moniteur s’exercer au maniement du canoë-Kayak, ou de contempler les évolutions des mouettes, des canards col vert, des cygnes ou des grandes oies qui ressemblent à des gros canards. Le soir de la fête de l’été, au moment du solstice qui permet les jours les plus longs de l’année, de la prairie de Champagné est tiré le traditionnel feu d’artifice.

Ce lieu si cher aux cessonnais, cet insigne passage de la rivière au pied de l’Eglise qui se dresse imposante vers le Nord, est le témoin d’une histoire deux fois millénaire.
Banéat, dans son ouvrage célèbre « le Département d’Ille et Vilaine », Tome I, n’hésite pas à y voir une construction de l’époque gallo-romaine : « L’ancienne route de Rennes à Paris entrait dans le Bourg à l’ouest de la nouvelle Eglise (actuellement rue du Calvaire), traversait la Vilaine sur la Chaussée, et se dirigeait par un chemin qui existe encore vers Champagné et Grippé ; cette route paraît être la voie romaine de Rennes au Mans. »

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Cette gravure trouvée aux Archives Départementales pourrait dater du XVIII° ou XIX°siècle. Elle est intéressante parce qu’elle montre la quasi-totalité du bourg groupé autour de l’ancienne Eglise qui daterait du XVII° siècle. Elle donne le sentiment aussi d’un bourg que l’on traverse pour aller vers Le Mans ou Paris. Le Pont de Sévigné sur la route de Rennes date de la première moitié du XVIII°(1736).

pont030112jBanéat en 1927 de son cabinet reprend des auteurs qui ont parlé de cette voie romaine. Et en effet cette voie passait devant le Manoir de Champagné aujourd’hui détruit et passait au droit de l’actuel Palais des Sports pour monter vers Grippé, et Mouille-pied. On en voit encore la trace dans la montée de Grippé.
Les ponts, bien sûr, sont une construction postérieure à l’époque romaine où peut-être traversait-on à pied le gué qui traversait la Vilaine en sinuant parmi des îlots d’alluvions charriés par la rivière.

Cependant d’autres auteurs font passer la voie romaine derrière la Hublais, puis Champaubert, la font descendre vers le centre commercial de Bourgchevreuil pour passer la Vilaine au petit Dézerseul (actuel bâtiment qui abrite l’O.C.C. et le Club Vidéo) et de Bout de Marre rejoindre Mouillepied. Laissons les historiens à leurs études pour nous intéresser aux Vieux Ponts.

pont030112h2Banéat écrit : « La Chaussée est coupée par trois ponts : le plus rapproché du Bourg est le seul ancien. Il conserve quatre arches sur cinq, ces arches sont en arc brisé ; le troisième pont, refait vers 1850, comprenait 6 arches en plein cintre de dimensions inégales et était appelé Pont des Romains : des trouvailles d’objets gallo-romains, dont plusieurs conservés au Musée Archéologique de Rennes, ont été faites à différentes reprises dans ses environs. Un cimetière fut établi près du pont sur le bord de la Vilaine, pendant l’épidémie de peste qui dévasta Cesson de 1626 à 1630. »

« Il conserve quatre arches en arc brisé sur cinq. La cinquième s’est écroulée en 1761 par défaut d’entretien. Le pont près du calvaire comportait 6 arches disparates. Il fut détruit en 1850. » In « Le Patrimoine architectural ancien du terroir cessonnais » de Jacques Le Lijour.

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On a trouvé effectivement en 1856 des statuettes de Venus anadyomènes (qui sortent de l’eau) et Kallipiges (aux belles fesses), un Horus égyptien et un jeune éphèbe. Il s’agirait vraisemblablement d’un atelier de fabrication de statuettes en commerce sans doute avec des ateliers de l’autre côté de la Manche.
Beaucoup de légendes ou d’histoires réelles relatent les nombreux accidents de diligence ou de noyades dûs au mauvais état des ponts qui ne résistaient pas l’hiver aux crues annuelles de la rivière, sans qu’on sache cependant s’il s’agissait des vieux ponts ou du Pont de Sévigné.

« Déjà en 1630 le Parlement de Bretagne à qui incombait l’entretien de la Chaussée, vu le mauvais état général des ponts de Cesson, ordonne des réparations urgentes après constat de leur impraticabilité, -si constante que de pauvres hommes portant secours aux personnes en difficulté peuvent y trouver leur gagne pain -. En 1721, le mur de culée de l’arche du côté de Vitré estant tombée jusqu’au radier de sorte que le commerce est entièrement interrompu, aucune voiture et piétons n’y pouvant passer et les cavaliers la nuit estant en danger de s’y précipiter. » En 1761, c’est l’arche centrale du pont le plus proche du bourg qui s’écroule à la suite d’un défaut d’entretien et est remplacée par un tablier en bois. In Michel Guerro Bulletin et Mémoires de Cesson Mémoire et Patrimoine Tome 2 2005.

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pont030112g2Les prés marécageux autour des Vieux Ponts, dans la prairie de Champagné jusqu’à la route de Rennes sont désignés sous le nom de « Noës ». En 1850, le Conseil Municipal prend une délibération sur la nécessité de reconstruire la partie la plus éloignée du bourg, composée de 6 arches avec des voûtes en plein cintre datant des XVIII° ou XVII° siècles menaçant de tomber en ruines. Michel Guerro, opus cité. En 1998, des pierres des piles du pont près du calvaire sont fragilisées par la baisse du niveau de la Vilaine prévue pour l’aménagement du Parc de Champagné et le curage du lit met à jour d’anciennes poutres de bois restes sans doute de l’ancien tablier. Le Comte Joseph de Puisaye (1755-1827) à la tête d’une armée royale de 800 hommes franchit ces ponts en 1794 venant de Fougères pour rejoindre Cadoudal près d’Auray, causant pendant plusieurs jours beaucoup de désagréments aux habitants de Cesson.